[Naissance] La venue d'un Prince tant attendu

[Le 22e jour d'Août de l'année MCDLX]

Selon Peran c'était une question d'heures. Dam' était épuisée par cette grossesse qui semblait n'en plus finir. Elle était à bout de force et s'était résolue à prendre un peu de repos. Le frère barde avait envoyé Engherran prendre lui aussi un peu de ce sommeil qu'il refusait de s'accorder depuis une bonne dizaine de jours. Toutes ses nuits il veillait sur son épouse. Angoissé, le Loup avait peur de ne pas être présent quand tout commencerait, il avait peur que la vie lui joue un mauvais tour malgré toutes les prières qu'il avait adressé à la Déesse Mère et à la Grande Roue d'Argent. Il voulait que pour la naissance de cet enfant, il ne soit pas écarté comme il l'avait été lors de la naissance de Seren.

Assis dans son grand fauteuil, plongeant son regard dans les flammes d'un petit feu de cheminée faisait courir ses doigts sur sa grande harpe. Pourquoi avait-il allumé ce petit feu de cheminée ? Il n'en savait rien. Peut-être y trouvait-il un peu de réconfort ou était-ce parce qu'il avait froid ? Hypnotisé par les flammes le chevalier repensait aux paroles du barde.

Kaoc'h ki du ! Bougre de tête de Loup ! Comment penses-tu servir Dam' si tu n'es qu'à moitié là. Tu ne te rends même pas compte de la tête que tu as. Descend dans la salon te reposer. Tu seras le premier qu'elle appellera. Alors maintenant va te reposer ! Hors de ma vue ! Aurore va la veiller. File !

Il avait eu ce regard que peu de gens lui connaissait. Ce visage d'autorité des anciens druides qui poussait même les rois d’antan à baisser le regard quand ils prenaient la parole. A ce moment il n'était plus le barde, il était devenu cet homme sage, celui qui connait le langage des plantes, celui qui sait apaiser la souffrance, celui qui sait tirer de la nature tous le bienfaits nécessaires à la situation qui préoccupait tant le Chevalier. Il avait posé sur son aîné, ce regard d'un garçon prit en faute et s'était résigné à prendre le repos que lui conseillait son frère.

Mais le sommeil ne venait pas, alors il laissait courir ses doigts de corde et en corde. Pas de mélodie, juste quelques notes au hasard.
Seren était à l'extérieur avec Garin qui devait s'occuper des chevaux. Il remercia silencieusement ce jeune homme qui avait décidé seul de prendre en charge la Petite Étoile afin qu'elle ne s'inquiète pas trop pour sa maman. Margaux n'était sûrement pas très loin non plus. La jeune Dioise avait fait du Loup son tonton à défaut de pouvoir en faire son papa. Marsaly lui avait dit qu'il manquait à la fillette une figure masculine. Jamais Engherran ne ce serait douté que c'est lui qui jouerait ce rôle. Cette pensée le fit sourire. La famille de coeur s'agrandissait encore.
Ses pensées vagabondèrent encore et il adressa quelques douces paroles à ses deux grandes filles qui devaient faire tourner en bourrique les pauvres soeurs du couvent voisin. Il les imaginait sans peine à faire un scandale pour sortir aller à la rencontre de leur mère. Il les avait adoptées toutes les deux, mais l'âme est parfois tout aussi importante que le corps.
Sa petite soeur de coeur lui manquait également. Il aurait tant aimé qu'elle soit là elle aussi avec son savoir médical.
Enfin il y avait Lora, l'amie, la confidente. Toujours là pour ceux qu'elle aime. Elle n'avait pas hésité un seul instant quand Dam' lui avait demandé de venir la soutenir. Elle aussi à sa manière faisait partie de la famille.

La fatigue, l'angoisse avait évacué tous les soucis mineurs. Conseil municipal, prévôté, conseil ducal, tout cela en l'instant n'avait aucune importance. La seule chose qui comptait pour lui c'était que Dam' puisse donner naissance à leur enfant et qu'elle puisse le serrer tout contre elle, les yeux brillant d'Amour. Par tous les dieux qu'il l'aimait son épouse. Jamais ô grand jamais, il n'avait aimé de la sorte. La crainte de perdre sa Belle et Douce Biche lui avait montrer à quel point il tenait à elle, elle qui avait su illuminer son coeur, redonner des couleurs à sa vie. Il était fier d'elle, fier d'être son époux.

C'est enfin à sa mère qu'il pensa. Il savait que Dame Solenn de Montfort aurait aimé cette douce forgeronne pour sa grandeur d'âme, pour sa noblesse de coeur et son courage.

Il finit par fermer les yeux tout en continuant à pincer les cordes de sa harpe. Il retrouvait enfin un peu de cette quiétude que Peran l'avait envoyer quérir.

lui donne un bisous et murmure Bonjour Margaux,oui tonton Engherran,s'est assoupi,vient prés de moi,on va attendre qu'il se réveille,il est fatigué ces jours derniers,il s'inquiète tu sais,pour Dam et la venue du bébé,mais je suis là,tout va bien se passer,je pense que le bébé va pas tarder a nous montrer sous petit bout de nez "sourit"

Peran

C'est précipitamment que j'entre dans la chambre ou tentait de se reposer Dam'. La douleur la tiraillait. D'un geste qui ne laissait pas de place à l'objection, je fis asseoir la future mère avant de lui demander de s'allonger sous le regard plus qu'angoissé d'Aurore. La jeune femme avait tout confiance en moi puisque c'est moi qui avait permis la naissance de son fils. Une naissance qui s'était fort bien passée et je comptais bien renouveler l'exploit avec Dam'.

Je posais ma main sur son ventre afin d'avoir une idée de l'avancement de son état. L'accouchement n'était plus qu'une question de temps et la priorité était de calmer les douleurs de l'épouse de mon frère, ce qui nous laisserait du temps pour préparer linges propres et eau chaude. Je ne me faisais aucun soucis pour l'enfant, il semblait déjà fort vigoureux et commençait à manifester sa volonté de sortir du ventre de sa mère, mais il y avait toujours un risque pour Dam'. N'en montrant rien, je me retournais vers la Dame de compagnie pour lui donner quelques consignes.

Aurore peux tu m'apporter une bouilloire d'eau chaude et un bol. Je vais donner à notre future maman un tisane de sauge et d'écorce de saule pour calmer les douleurs. Je voudrais que tu lui prépares également un bain bien chaud dans lequel tu plongeras cette préparation. Demande à Engherran de t'aider, ensuite il s'occupera de son épouse pendant qu'elle prendra son bain. Enfin vois avec Lora et peut-être Margaux pour faire préparer tout ce qu'il faut en linges propres et en eau chaude.

Je me retournais vers Dam' pendant qu'Aurore filait pour la rassurer d'un sourire.

On va te préparer un bain qui va calmer ta douleur et relâcher les chaires pour faciliter l'accouchement. Tout va bien se passer.
Je te fais également préparer une tisane qui devrait calmer les maux qui te tiraillent. D'ici peu tu tiendras ton enfant dans tes bras. Je te le promets.

Aurore revenait déjà avec une bouilloire d'eau chaude et un grand bol. La jeune femme avait fait vite. Elle avait déjà du tout prévoir en cuisine.
Une fois la potion prête, je la donnais à l'épouse d'Engherran, la Biche.

Bois cela, ça va te faire du bien, dis-je d'une voix qui se voulait réconfortante.

Tu en auras une autre à boire après. Nous veillons tous sur toi.

Peran

Je la voyais se tordre de douleur, tant de maux qui semblaient s'amuser avec ses entrailles qu'elle en refusait de boire cette tisane qui devait calmer les douleurs. Je posais ma main sur son épaule et la regardais droit dans les yeux.

Dam' écoute moi, tu dois prendre cette tisane. Elle va apaiser tes douleurs et permettre à ton accouchement de bien se passer. Fais moi confiance.
Ton époux était en train de te préparer un bain je veux que tu t'y plonge et que tu l'écoutes, que tu prennes le temps pour te rassurer. Tout va bien se passer.
Maintenant bois cette tisane et Aurore va t'emmener dans la salle du bain où Engherran t'attends.
Il sera avec toi. Je te le promets, lui dis-je en souriant tout en me montrant inflexible.

Aurore s'était penchée sur lui pour le réveiller. Il avait du s'assoupir. Les flammes dans l'âtre étaient devenues braises rougeoyantes. Il posa son regard bleu-acier sur la dame de compagnie et tenta de se lever d'un bond pour accourir auprès de son épouse. La jeune femme posa sa main sur le torse du seigneur des lieux pour le couper dans son élan et lui dire de rester là un petit moment, le temps qu'elle lui explique ce que son frère souhaitait qu'il fasse.

C'est donc aidé d'Aurore, après qu'elle eut apporté à Peran ce dont il avait besoin, qu'il commença à préparer le bain de Dam'. Il allait devoir faire en sorte de l'apaiser et de la rassurer. Il se demandait comment il allait faire alors que lui aussi était plus qu'angoissé. Il entendait Lora s'activé elle aussi afin de préparer tout ce qu'il fallait. La demeure s'était soudain réveillée et était pris d'une étrange frénésie. Tout semblait aller si vite et pourtant Engherran avait une étrange sensation de lenteur.

Le bain se remplissait petit à petit d'eau chaude. Le frère barde avait dit que la chaleur de l'eau mêlée à sa préparation allait calmer les douleur et préparer son épouse pour l'accouchement. Il versa donc l'étrange substance à l'odeur si particulière dans l'eau. Il ne manquait plus que son Amour.

Peran

Je lui adressais un sourire et lui fit signe que oui.

Va retrouver ton Loup.
Tu as besoin de mon aide pour aller jusque là-bas ?

Panique ou joie, il ne savait pas vraiment. Il ne sut quoi répondre au regard interrogateur de son épouse, mais il réagit promptement en attrapant son épouse dans ses bras pour la porter jusque dans leur chambre. Le fait qu'elle n'ait rien senti était plutôt bon signe. La douleur s'était estompée. C'était donc à Lora et à Peran de prendre le relais. Lui quoiqu'on en dise resterait près de sa Belle pour lui tenir la main. Il lui adressa un sourire bienveillant.

Il fila dans la chambre ou se trouvait déjà Peran. Lora était en train de s'activer pour tout préparer et ainsi permettre à Dam' d'accoucher dans les meilleures conditions. Linges propres, eau chaude, tout était là. Il était incroyablement silencieux, la peur avait presque disparu d'un coup. Le chevalier était dans l'action il ne pensais plus ... pour le moment.

Il déposa confortablement sa femme dans le lit et jeta un regard à Lora et lui murmura "ça a commencé". Dans le même temps Peran avait préparé une tisane supplémentaire pour la future mère qu'il confia au chevalier. De la Garance avait-il dit, cela allait faciliter l'accouchement.

Bois cela mon Amour.

Puis attrapant une chaise, il s'installa tout près d'elle pour lui tenir les mains. Personne ne le ferai quitter les lieux.

Je t'Aime mon Coeur.

Son chevalier était souriant, Péran terriblement silencieux et Lora... Lora s'introduisait en elle et elle était censée ne pas se sentir gênée? Ben s'est raté, elle l'était!

Bon se décontracter, facile à dire... avec des contractions!

Souffler, pousser, respirer, retenir, elle avait bien entendu tous les mots prononcés par Lora mais dans quel ordre elle devait faire quoi, ça...

Elle tourna le regard vers son Loup, enfila la tisane d'une traite ne souhaitant pas que Péran se fâche et lui murmura tout en laissant échapper ses larmes J'ai ta force, je suis prête mon Amour, je t'Aime plus que tout!

Peran s'activait pour assister Lora.
Lora semblait communiquer tout un tas d'information qu'Engherran ne semblait pas comprendre ou du moins ne pas entendre. La seule chose qui l'occupait c'était son épouse, la merveilleuse Dam', la lumière qui a illuminer sa vie, sa déesse, sa faëe. Après qu'elle ait bu sa tisane, il lui attrapa les mains, les serrant fort comme s'il voulait lui transmettre sa force. Il avait peur, mais il la savait courageuse, bien plus qu'on pouvait ne le penser.

Je suis là mon Amour, je ne t'abandonne pas.
J'ai foi en toi.

Je t'Aime plus que tout être au monde.

Il avait perdu la notion du temps. Les heures semblaient filer en un instant tout en durant une éternité. Fermement, c'est fermement qu'il tenait la main de celle qui avait bouleversé sa vie. Par tous les dieux qu'il l'aimait cette femme, son épouse, la mère de ses filles ... de leurs filles. Et elle était, en ce moment même, en train de donner la vie à leur nouvel enfant, celui né de leurs Amours.

Les hurlements de son épouse le faisait souffrir tout autant. Elle devait le maudire de l'avoir mise enceinte. Serrant sa main, il essayait de lui transmettre toute sa force. Il lui murmurait mille et un mots doux qu'elle devait à peine entendre entre deux contractions. Le chevalier, en cette journée torride, avait peur. Dam' suait à grosse goutte, la chaleur n'arrangeant rien. Engherran usait d'un mouchoir de lin, tremper dans l'eau fraîche pour lui éviter de trop souffrir de la canicule. Un nouveau hurlement de sa Bien Aimée, plus fort que tous les autres lui étreignit le coeur douloureusement. Il jeta un regard à Lora et Peran, quand la jeune femme annonça que l'enfant venait de poindre son museau. Il adressa un regard plein d'Amour à son épouse pour lui redonner du courage.

Le travail dura encore un moment. Le Loup sentait la biche épuisée, fatigué. Elle perdait courage, elle n'avait plus de force. Le chevalier devenu un simple homme, un simple époux faisait tout ce qui était en son pouvoir pour l'encourager à se battre, à vivre pour jouir de sa nouvelle vie. Elle pleurait. Était-ce la douleur ou le manque de force ? Il se pencha vers elle pour lui déposer un baiser sur le front et lui dire combien il l'Aimait quand Lora annonça que leur fils était enfin libre.

Ce n'était plus des larmes de douleur ou de peur, mais des larmes de joie. Lui aussi pleurait de bonheur. Il posa un regard brillant d'Amour sur son épouse.

Notre fils mon Amour, c'est notre enfant.
Je t'Aime.

Après lui avoir donné un baiser, il aida Lora à la nettoyer et à changer les draps pour qu'elle puisse prendre un peu de repos et pouvoir lui confier son bébé, son petit prince. Il resterait près d'elle pour qu'enfin elle puisse prendre un repos plus que mérité.